FORMATION À LA RELATION THÉRAPEUTIQUE
PROPOSITION DE GROUPES BALINT POUR LES ÉTUDIANTS EN MÉDECINE
Introduction :
Les groupes Balint d’étudiants en médecine à partir du second et du troisième cycle semblent une excellente possibilité de formation à la relation thérapeutique.
Connue depuis les années cinquante, la méthode innovante de Michael Balint, permet à de petits groupes de jeunes médecins et de praticiens plus aguerris de travailler régulièrement sur leurs relations avec les malades (1, 2, 6).
Sur le plan international :
Il suffit de consulter les sites des sociétés Balint de différents pays d’Europe (6), d’Israël et des Etats-Unis, pour constater la pratique courante des groupes Balint dans la formation initiale et dans la formation continue des médecins (voir les sites internet des German, British, American societies).
Une récente étude effectuée à l’université de Tel-Aviv (5) montre que l’aspect facultatif ou obligatoire des groupes ne change pas la satisfaction des médecins (les généralistes comme les spécialistes reçoivent la formation) quant à leur développement professionnel et personnel.
En France :
Depuis 7 ans à Necker (groupes Balint obligatoires au DES de médecine générale, et facultatifs dès la quatrième année), les groupes permettent une approche plus humaine de la pratique médicale.
À Bobigny (7) depuis 1980, à Créteil (3), à Rennes, à Paris V et VII et à Lyon, jadis à Strasbourg, les facultés de médecine accordent plus de temps à la formation du praticien à ce savoir-être qui lui est tant réclamé par la société.
À Strasbourg, après la période balintienne initiée par Lucien Israël (4), on déplore l’absence de groupes Balint dans la formation médicale, en revanche, il existe des initiatives originales comme celle de Jean-Christophe Weber qui propose depuis une dizaine d’années des groupes Balint aux étudiants hospitaliers de son service.
De nombreuses publications et la place qu’à prise la Société Médicale Balint en France, montrent que la satisfaction des étudiants est importante, tant à court qu’à moyen terme.
La méthode :
Petits groupes d’étudiants ayant déjà une pratique clinique (2ème ou 3ème cycle).
Animation par un ou deux co-leaders expérimentés (un MG et un psychanalyste).
Fréquence de une ou deux séances par mois pendant un ou deux semestres, mais il paraît évident que ce type de travail peut être prolongé sur toute la période des études à partir de la mise en stage. Nous proposons pour commencer six séances sur un semestre par étudiant en 3ème cycle.
Objectifs et intérêts :
« Ce groupe Balint n’a pas été seulement un support, ça a fonctionné comme une machine à digérer les émotions » déclare ce jeune médecin israëlien, ce témoignage renforce les résultats habituellement donnés par les participants, résumés ci-après
-assurer une meilleure relation médecin-malade,
-améliorer la prise de conscience des émotions du médecin et accepter leur place dans la consultation,
-prendre en compte les représentations culturelles de la maladie, du soin et de la guérison afin de mieux écouter le malade et de prendre garde aux influences sociales qui bloquent le système de santé et du même coup la relation thérapeutique,
-Mieux centrer la relation sur le patient plutôt que sur la maladie,
-Percevoir les sentiments et les émotions inconscientes du médecin et les utiliser dans la relation thérapeutique (désir, haine, rejet, peur, omnipotence),
-Mieux utiliser son attention et développer son écoute, son honnêteté, son éthique,
-Augmenter sa satisfaction professionnelle et ses relations avec les patients difficiles, les familles difficiles, les situations difficiles…
-Avoir une plus grande disponibilité intellectuelle et affective, bref une plus grande créativité.
Pour plus d'infos :
Marie-Frédérique Bacqué
Pr. de psychopathologie clinique à l’UDS
12 rue Goethe
67000 Strasbourg
Marie-Frederique.Bacque@unistra.fr
Références :
1-Balint M (1960) Le médecin, son malade et la maladie, Paris, Payot, 1978.
2-Balint M, Balint E, Gosling R, Hildebrand P (1966) Le médecin en formation. Paris. Payot, 1979.
3-Even G (2001) Former les étudiants en médecine à la relation. Champ Psychosomatique, 22 : 133-42
4-Israël L (2005) Le médecin face au désir. Strasbourg. Arcane, Apertura.
5-Matalon A, Maoz B, Nahmani T, Rabin S. (Automne 2007) Les groupes Balint d’étudiants : obligatoires ou facultatifs ? Bulletin BalintN°55, 28-30.
6-Moreau-Ricaud M (2000) Michael Balint. Le renouveau de l’École de Budapest. Paris. Érès.
7-Velluet L (2005) Le médecin, un psy qui s’ignore. Paris, L’Harmattan.